Les rizières en terrasses du Yuangyang et votations fédérales
Des rizières en terrasses construites par la minorité Hani il y a 1300 ans, sur lesquelles dansent des milliers de reflets et de couleurs selon les saisons et la biodiversité qui les habitent. Sans aucun doutes un prodige de persévérance d’un peuple toujours chassé des terres fertiles et obligé de domestiquer une montagne aride, et un exemple de permaculture intelligent, soit le mélange de culture de riz, de canards, de poissons et d’autres maraichages. Classé par l’Unesco en 2013, le site se résume a 2 vallées recouvertes de rizières, impressionnant surtout lorsqu’elles sont inondées (de fin janvier a avril). C’est sur que si on est un aigle, ou un drone, ca doit être magnifique d’observer ces variations de tons comme dans un tableau vivant.
Moi je dis que, n’étant ni aigle ni drone, c’est un peu surfait leur truc. Les vignes du coteau de Saillon sont tout aussi belles, voire plus en automne (gravé sur mon cœur :-). Et nos bisses n’ont rien a envier aux leurs. Même le Lavaux pourrait rivaliser…Les 3 autres me disent que je suis chauvine, mois je dis juste que je suis réaliste, et eux faussement modestes. Pour preuve, dès qu’on a débarqué, Shems a eu un monstre coup de blues…mal du pays.
Sérieusement, si on a les terrasses, le paysage carte postale et les belles couleurs au fil des saisons, on est loin des Hani et de leur intelligence agricole, et de leur capacité a transformer la terre tout en la respectant avec humilité. Accoudés aux balustrades des points de vue pour touristes, on a tous les 4 pensé aux sulfatages des coteaux valaisans qui transforment les matins Charratains ensoleillés (si on a la chance que ca se passe le matin) en brume blanchâtre et toxique. Nous sommes bien loin de l’harmonie avec la nature, du respect de la Vie et de la foi en son abondance qui caractérise ces peuples dits primitifs (les expressions toutes-faites de nos languages modernes sont traitres car souvent inversées, c’est toujours révélateur de les relire a l’envers, comme dans un miroir…qui est le primitif, et a quel niveau?).
Il suffit de prendre dans sa main un peu de terre des coteaux valaisans pour se rendre compte a quel point elle est stérile puisqu’on y élimine chimiquement toute vie possible, insectes jugés nuisibles, mais bienfaisants aussi si l’on prend le temps de considérer le cycle de la Vie. Ces populations s’équilibreraient si on leur en donnait l’opportunité avec un minimum de contrôle intelligent, et si on encourageait la biodiversité comme régulateur de richesse hors-sol et dans le sous-sol. Même l’OECD, organe de régulation de l’idéologie néolibérale dominante, tire la sonnette d’alarme sur l’appauvrissement EXTRAordinaire des populations d’insectes, d’oiseaux, etc. sur territoire suisse, pas chez les peuples primitifs. Le Valais, son agriculture, ses habitants, seraient donc eux-aussi résignés a être prisonniers des grands groupes chimiques, en se soumettant a l’idéologie de la monoculture, ses traitements phytosanitaires par manque de diversité et afin de forcer la Vie, et le traitement des maux et inconforts humains bien compréhensibles sur la chaine alimentaire…toujours le même choix, idolâtrie ou choix conscient et responsable.
Un peu d’espoir avec ces votation fédérales qui favorisent (enfin) les Verts et marquent peut-être un sursaut de conscience pour la Vie? Un tel réveil de conscience serait bienvenu et réjouissant. Mais les Verts, malgré l’emballage qui peut séduire, n’en restent pas moins un parti politique bien implanté dans une démocratie parlementaire moderne. Aucun changement fondamental n’est réalistement possible via un de nos partis politiques, aussi séduisant l’emballage soit-il. Pour ceux et celles qui s’en offusquent, en doutent, méprisent l’idée, osez l’admirable note de Simone Weil (pas la bourgeoise glamour vendue a la sociale démocratie, mais l’autre, celle aux lunettes) sur la Suppression des partis politiques (pdf). Perso, lorsque l’intelligence est a la fois brillante et habitée, un frisson me parcourt l’échine, j’ai la larme a l’œil a chaque lecture… (-: