Arrivés tard, nous émergeons des trains et métro au centre-ville, près du marché. Canton est une ville au cœur du delta de la Rivière des Perles, nichée dans l’entrelacs des bras de rivière. A la recherche d’un hôtel, nous nous précipitons vers un policier afin de lui demander où est le nord. Perturbé, il appelle à l’aide deux dames qui parlent un peu l’anglais, et les 3 s’arrangent pour nous dégoter un hôtel au bord de la rivière. Qui plus est, le policier, à peine sec derrière les oreilles, nous emmène dans sa voiturette électrique, avec gyrophare en bonus. Guangzhou nous plait immédiatement. Après plusieurs essais dans plusieurs hôtels, nous trouvons finalement la perle rare, et prenons congé de notre chaperon.
Guangzhou devait être pour nous une ville de passage sur la route de Hong Kong. Nous prolongeons notre séjour, ravis par cette ville fluviale, coloniale, et commerçante. Son marché de poissons, crustacés, champignons et épices séchés est un joyau tout droit sorti de Tintin. Son enclave coloniale, l’ile fluviale de Er Sha, est une bulle de la grandeur passée des empires coloniaux français et anglais, où la beauté des avenues ombragées et des édifices cohabite sans vergogne avec l’indécence passée. Il fait bon s’y balader, et très vite quitter ce lieu. La ballade le long du Qian Hangdao au soleil couchant, les restaurants de cuisine cantonaise, et les quelques bistroquets autour du marché nous laissent un tendre goût de Chine continentale, familier et attachant, qui va nous manquer.
Nous quittons Guangzhou en train rapide, le dernier, via la plaine industrielle de Shenzen, où tout se fait et est fait. On sent à Guangzhou la possibilité d’ateliers cachés, où des dizaines de personnes s’échinent sous des néons et sur des machines à coudres ou autres, derrière des doubles portes en fer soigneusement fermées à double tours aux yeux du badaud… Shenzen emblématise sans doute le boom économique chinois des dernières décennies, et l’exploitation qui l’accompagne toujours. Un tunnel nous amène directement au centre de Hong Kong Kowloon, la partie continentale. Nous logeons dans un hostel-appartement aux chambres minuscules, mais à deux pas du vieux quartier de Kowloon, les Victoria Docks.
Ici le passé colonial est encore frais, les noms des hauts lieux et rues le reflètent, même si les enseignes et menus sont déjà plus en cantonais qu’en anglais. Pas de dépit par rapport aux Brits il semble, plutôt une certaine nostalgie compte tenu des revendications actuelles. Il est vrai que HK, contrairement au Yunnan, n’était pas le parent pauvre qui a bénéficié des investissements d’un état social mais dirigiste, mais plutôt le fils prodigue. Et pourtant le peuple de HK chantait sa rétrocession à la mère patrie en 1997…il semble que le réveil ait été brutal.
Nous embarquons le jour-même sur le Star Ferry pour rejoindre l’ile de HK, et faisons le pèlerinage des endroits emblématiques liés au passe SBS-UBS de Duncan (je n’ai jamais eu le privilège de travailler à HK. Duncan, le chouchou, dépensait tout le budget voyage de notre département :-). C’est en flânant sur Connaught Road que nous nous trouvons au centre de la manifestation du 8 décembre. Les policiers en tenue ninja, les manifestants masqués en noir ont raison de notre ballade. Le cœur de Aram sort de sa poitrine, Duncan blêmit, Shems et moi sommes électrisées par l’excitation. Le désarroi d’Aram a raison de la poussée d’adrénaline des filles, nous quittons les lieux presto subito. Nous apprenons le lendemain dans le journal que c’était la plus grande manifestation à ce jour, plus de 800’000 personnes, mais sans vraiment de violence, phew…
Les autres jours nous marchons, comme à notre habitude. Le Dos du Dragon pour rejoindre la plage de Shek O, les alentours de l’ile de Lamma et ses plages, l’ile de Cheung Chao. HK nous rappelle New York, pour son aspect exagéré, commercial, architectural et fou. Un buzz typiquement urbain d’un nouveau monde, pas encore endormi. Et en même temps cette ville offre une végétation luxuriante, des plages magnifiques, des villages de pêcheurs traditionnels, envahis aux heures de pointes par les résidents expats qui rentrent du boulot-métro…le tout à moins de 45 minutes en transport publics des tours du centre-ville.
Nous passons une journée à Aberdeen, originellement le village de Hong Kong rebaptisé Aberdeen par les colons qui, dans leur suprématie aveugle et sourde, ont confondu le nom de ce village avec celui de l’ile…tous des Cheng, tous des Kumar…no comment…
Aberdeen offrait un marché flottant aujourd’hui disparu parmi les tours, il n’en reste qu’une relique grotesque pour les touristes. Mes parents me l’avaient raconté à leur retour de HK dans les années 1980, je me contenterai de leur souvenir.
Nous visitons aussi le fameux peak, la colline surplombant la baie de HK côté ile. Jolie ballade dans une végétation luxuriante à moins de 20 minutes du centre financier, mémorable montée et descente à 45 degrés à bord d’un train à crémaillère VonRoll (à ce niveau, suprématie suisse incontestée). On ne paiera bien-sûr pas plus pour accéder à la terrasse panoramique et refaire le cliché Nicolet des années 1980, le cœur n’y est pas. Au retour, nous passons devant le palais du gouvernement. A priori je me dis « voilà l’ambassade US, normal », vu les barbelés, murs, tortues ninja postées chaque 10m le long des remparts à cameras, baïonnettes intégrées etc. Et non ! L’ambassade US est juste à côté, même décor, mais cela ne me surprend plus. Par contre, que le gouvernement local se sente à ce point menacé par sa propre population, ça surprend toujours la Suisse que je suis. C’est sûr qu’un gouvernement muré dans la peur de… des siens… n’inspire pas vraiment confiance. Aurait-il quelque chose à se reprocher ? La comparaison avec l’ambassade US n’est pas anodine, toutes les ambassades US que j’ai connues sont des bunkers…les populations locales ne les portent pas dans leur cœur, ils sont en territoire ennemi partout… Quant au gouvernement de HK…je me souviens d’une déclaration d’un dictateur, Moubarak je crois, qui convient à tout dictateur, et qui disait en substance « qu’il ne craignait ni les Américains, ni aucun autre peuple envahisseur. Le seul peuple qu’il craignait et qui pouvait causer sa perte, c’était le peuple égyptien ». Bien vu…
Nous quittons finalement HK en bateau pour Macao, un son qui réveille des volutes d’opium…Le Macao d’aujourd’hui est bien loin de mon phantasme de pirates et d’opium, du moins si on a 48 heures seulement pour le visiter. Il y a une partie continentale qui offre un dédale de vieille rues maintenant chinoises, mais sur le tracé d’une ville portugaise, avec quelques rues qui transportent, le temp d’une flânerie, à Lisbonne. Puis 2 iles, Taipai et Coloanne, connectées au continent par des ponts, et appondues entre elles par le génie civile chinois, en une troisième ile totalement artificielle appelée Cotai (COloanne + TAIpai)…ils sont fous ces Chinois. La nouvelle ile est peuplée de casinos en tous genres, un mini Las Vegas. On hésite à passer une nuit au Vénitien, un casino et complexe hôtelier déluré, qui offre la visite de son centre commercial de luxe en gondoles, avec gondolier et chanson en bonus…surréaliste.
On préférera la visite de Coloanne et ses plages. Quelques maisons sur pilotis qui font face à la Chine occidentale démesurée, de l’autre côté du canal. Une « torta de Belen » (tartelette à la crème) plus tard, on rentre à Taipai et la partie continentale pour admirer les shows son et lumière de l’Avent sur les façades des vieux bâtiments et de la cathédrale de St Paul en ruines. On repartira de Macao en bus Prison Break, en traversant un no mans land de ponts à travers la mer, pour arriver sur l’ile de Lantau, et nous poser pour les dernières 24 heures de ce périple dans un Marriott à côté de l’aéroport de HK. Un peu anti-climax, ces 24h seront notre SaaS de décompression afin d’affronter le retour hors du temps et de l’espace, l’unique bénéfice d’une zone d’aéroport.
Guangzhou/Canton, Hong Kong, Macao
Arrivés tard, nous émergeons des trains et métro au centre-ville, près du marché. Canton est une ville au cœur du delta de la Rivière des Perles, nichée dans l’entrelacs des bras de rivière. A la recherche d’un hôtel, nous nous précipitons vers un policier afin de lui demander où est le nord. Perturbé, il appelle à l’aide deux dames qui parlent un peu l’anglais, et les 3 s’arrangent pour nous dégoter un hôtel au bord de la rivière. Qui plus est, le policier, à peine sec derrière les oreilles, nous emmène dans sa voiturette électrique, avec gyrophare en bonus. Guangzhou nous plait immédiatement. Après plusieurs essais dans plusieurs hôtels, nous trouvons finalement la perle rare, et prenons congé de notre chaperon.
Guangzhou devait être pour nous une ville de passage sur la route de Hong Kong. Nous prolongeons notre séjour, ravis par cette ville fluviale, coloniale, et commerçante. Son marché de poissons, crustacés, champignons et épices séchés est un joyau tout droit sorti de Tintin. Son enclave coloniale, l’ile fluviale de Er Sha, est une bulle de la grandeur passée des empires coloniaux français et anglais, où la beauté des avenues ombragées et des édifices cohabite sans vergogne avec l’indécence passée. Il fait bon s’y balader, et très vite quitter ce lieu. La ballade le long du Qian Hangdao au soleil couchant, les restaurants de cuisine cantonaise, et les quelques bistroquets autour du marché nous laissent un tendre goût de Chine continentale, familier et attachant, qui va nous manquer.
Nous quittons Guangzhou en train rapide, le dernier, via la plaine industrielle de Shenzen, où tout se fait et est fait. On sent à Guangzhou la possibilité d’ateliers cachés, où des dizaines de personnes s’échinent sous des néons et sur des machines à coudres ou autres, derrière des doubles portes en fer soigneusement fermées à double tours aux yeux du badaud… Shenzen emblématise sans doute le boom économique chinois des dernières décennies, et l’exploitation qui l’accompagne toujours. Un tunnel nous amène directement au centre de Hong Kong Kowloon, la partie continentale. Nous logeons dans un hostel-appartement aux chambres minuscules, mais à deux pas du vieux quartier de Kowloon, les Victoria Docks.
Ici le passé colonial est encore frais, les noms des hauts lieux et rues le reflètent, même si les enseignes et menus sont déjà plus en cantonais qu’en anglais. Pas de dépit par rapport aux Brits il semble, plutôt une certaine nostalgie compte tenu des revendications actuelles. Il est vrai que HK, contrairement au Yunnan, n’était pas le parent pauvre qui a bénéficié des investissements d’un état social mais dirigiste, mais plutôt le fils prodigue. Et pourtant le peuple de HK chantait sa rétrocession à la mère patrie en 1997…il semble que le réveil ait été brutal.
Nous embarquons le jour-même sur le Star Ferry pour rejoindre l’ile de HK, et faisons le pèlerinage des endroits emblématiques liés au passe SBS-UBS de Duncan (je n’ai jamais eu le privilège de travailler à HK. Duncan, le chouchou, dépensait tout le budget voyage de notre département :-). C’est en flânant sur Connaught Road que nous nous trouvons au centre de la manifestation du 8 décembre. Les policiers en tenue ninja, les manifestants masqués en noir ont raison de notre ballade. Le cœur de Aram sort de sa poitrine, Duncan blêmit, Shems et moi sommes électrisées par l’excitation. Le désarroi d’Aram a raison de la poussée d’adrénaline des filles, nous quittons les lieux presto subito. Nous apprenons le lendemain dans le journal que c’était la plus grande manifestation à ce jour, plus de 800’000 personnes, mais sans vraiment de violence, phew…
Les autres jours nous marchons, comme à notre habitude. Le Dos du Dragon pour rejoindre la plage de Shek O, les alentours de l’ile de Lamma et ses plages, l’ile de Cheung Chao. HK nous rappelle New York, pour son aspect exagéré, commercial, architectural et fou. Un buzz typiquement urbain d’un nouveau monde, pas encore endormi. Et en même temps cette ville offre une végétation luxuriante, des plages magnifiques, des villages de pêcheurs traditionnels, envahis aux heures de pointes par les résidents expats qui rentrent du boulot-métro…le tout à moins de 45 minutes en transport publics des tours du centre-ville.
Nous passons une journée à Aberdeen, originellement le village de Hong Kong rebaptisé Aberdeen par les colons qui, dans leur suprématie aveugle et sourde, ont confondu le nom de ce village avec celui de l’ile…tous des Cheng, tous des Kumar…no comment…
Aberdeen offrait un marché flottant aujourd’hui disparu parmi les tours, il n’en reste qu’une relique grotesque pour les touristes. Mes parents me l’avaient raconté à leur retour de HK dans les années 1980, je me contenterai de leur souvenir.
Nous visitons aussi le fameux peak, la colline surplombant la baie de HK côté ile. Jolie ballade dans une végétation luxuriante à moins de 20 minutes du centre financier, mémorable montée et descente à 45 degrés à bord d’un train à crémaillère VonRoll (à ce niveau, suprématie suisse incontestée). On ne paiera bien-sûr pas plus pour accéder à la terrasse panoramique et refaire le cliché Nicolet des années 1980, le cœur n’y est pas. Au retour, nous passons devant le palais du gouvernement. A priori je me dis « voilà l’ambassade US, normal », vu les barbelés, murs, tortues ninja postées chaque 10m le long des remparts à cameras, baïonnettes intégrées etc. Et non ! L’ambassade US est juste à côté, même décor, mais cela ne me surprend plus. Par contre, que le gouvernement local se sente à ce point menacé par sa propre population, ça surprend toujours la Suisse que je suis. C’est sûr qu’un gouvernement muré dans la peur de… des siens… n’inspire pas vraiment confiance. Aurait-il quelque chose à se reprocher ? La comparaison avec l’ambassade US n’est pas anodine, toutes les ambassades US que j’ai connues sont des bunkers…les populations locales ne les portent pas dans leur cœur, ils sont en territoire ennemi partout… Quant au gouvernement de HK…je me souviens d’une déclaration d’un dictateur, Moubarak je crois, qui convient à tout dictateur, et qui disait en substance « qu’il ne craignait ni les Américains, ni aucun autre peuple envahisseur. Le seul peuple qu’il craignait et qui pouvait causer sa perte, c’était le peuple égyptien ». Bien vu…
Nous quittons finalement HK en bateau pour Macao, un son qui réveille des volutes d’opium…Le Macao d’aujourd’hui est bien loin de mon phantasme de pirates et d’opium, du moins si on a 48 heures seulement pour le visiter. Il y a une partie continentale qui offre un dédale de vieille rues maintenant chinoises, mais sur le tracé d’une ville portugaise, avec quelques rues qui transportent, le temp d’une flânerie, à Lisbonne. Puis 2 iles, Taipai et Coloanne, connectées au continent par des ponts, et appondues entre elles par le génie civile chinois, en une troisième ile totalement artificielle appelée Cotai (COloanne + TAIpai)…ils sont fous ces Chinois. La nouvelle ile est peuplée de casinos en tous genres, un mini Las Vegas. On hésite à passer une nuit au Vénitien, un casino et complexe hôtelier déluré, qui offre la visite de son centre commercial de luxe en gondoles, avec gondolier et chanson en bonus…surréaliste.
On préférera la visite de Coloanne et ses plages. Quelques maisons sur pilotis qui font face à la Chine occidentale démesurée, de l’autre côté du canal. Une « torta de Belen » (tartelette à la crème) plus tard, on rentre à Taipai et la partie continentale pour admirer les shows son et lumière de l’Avent sur les façades des vieux bâtiments et de la cathédrale de St Paul en ruines. On repartira de Macao en bus Prison Break, en traversant un no mans land de ponts à travers la mer, pour arriver sur l’ile de Lantau, et nous poser pour les dernières 24 heures de ce périple dans un Marriott à côté de l’aéroport de HK. Un peu anti-climax, ces 24h seront notre SaaS de décompression afin d’affronter le retour hors du temps et de l’espace, l’unique bénéfice d’une zone d’aéroport.
Mer de Chine – l’île de Hainan
Il nous faudra plus de 12 heures pour rejoindre Sanya au sud de l’île de Hainan depuis Beihai. On débarque au Summer Tree Inn extenués, mais des embruns plein les narines. On y restera 10 jours, contents de ce petit hôtel tenu par un jeune couple adorable, où tout est à disposition, notamment grande terrace sur le toit avec coin lessive, cuisine et balançoires. On évitera aussi le tourisme de masse russe qui pullule à Sanya ( vols directs Moscou-Sanya), excepté la crème des touristes russes personnifiée par Katchucha.
Notre rythme a changé, on a plus envie de faire, de voir, 3 jours par-ci, 3 jours par-là. On ne fera littéralement rien du tout, à part un peu d’école, beaucoup de lecture dans notre chambre capitonnée de velours vert, et la visite des plages. Deux plages rythment notre quotidien, celle paradisiaque de l’hôtel Intercontinental, à 10 minutes en minibus, et celle plus animée de Dagonghai, à 10 minutes à pied. Les plages sont belles, sable blanc, mer bleue-turquoise, petits bateaux de pêcheurs…on pense à Tove dans le froid et la pénombre suédoise et on se dit qu’on a bien de la chance en ce début décembre. L’arrière-plan des plages laisse plus à désirer, à la chinoise, énormes tours qui touchent les nuages, grands ports, casinos, centres commerciaux, sites de constructions à n’en plus finir…le tout lié par une multitude de ponts, tunnels, ceintures d’autoroutes…On s’attendait à Benidorm en plus grand, c’est Miami et Gammarth à la puissance 10. Hormis plages et lectures, le marché de poisson et fruits de mer rythme nos soirées. Un concept génial, qui allie un marché de poissons et crustacés frais – dans des grands aquariums- légumes et fruits, et des restaurateurs, sous un même hangar. Le client achète son poisson qui gigote encore dans le sac en plastique – on n’a pas réussi, on s’est contentés de coquillages et crevettes qui ne gigotent pas trop- et les restaurateurs proposent un prix pour servir le tout. Une ambiance folle, bière et vin qui coulent à flots, fraicheur garantie…
Autre point culminant de nos soirées : ballade sur la plage de Dagonghai, où, de 14 à 24h, pullulent les bloggeurs (ou tic-toqueurs me disent les juniors) hystériques ou potiches, qui hurlent devant leur mobile pour des raisons qui nous échappent, font des facies simiesques ou de princesses en sucre, souvent accompagnés de staff et fans qui attendent de pouvoir apparaitre l’espace de quelques secondes sur l’écran Apple adulé de tous…surréaliste, effrayant…ça a l’avantage au moins de court-circuiter Fox News et autres monopoles médiatiques.
L’île de Hainan recèle bien des trésors : excursions dans la jungle, temples, sources d’eau chaude, rizières en terrasses et des villages Yi, Li, etc…on se contente d’explorer la côte orientale connue pour ses vagues et prisée des surfeurs. Une excursion dans le village de pêcheurs de Houhai nous emballe, on planifie d’y passer quelques jours et on visite quasi la totalité des hostel afin de dégoter la perle rare, sur la plage, charmant et dans notre budget. Sa baie est magnifique, sur fond de collines et palmiers, l’écume et les surfeurs sont au rendez-vous. On se précipite dans les vagues. L’horreur, l’eau turquoise est jonchée de sacs en plastique, la même sensation que de nager au milieu des méduses. Expérience désolante, d’une tristesse à pleurer. Ça n’est ni sale, ni odorant, et pourtant tellement rebutant que je sors immédiatement de l’eau. On remplit vraiment les océans de sacs en plastique, je connaissais les statistiques, mais expérimenter la réalité est effroyable. J’ai connu bien des plages sales, avec des détritus plus immondes que des sacs en plastique, mais la sensation de ces plastiques partout autour des jambes, des bras est répugnante. On nous dira que ces détritus sont dus au dernier typhon maintenant sur le Vietnam. Difficile à croire si les plages à quelques km sont propres. Le business du village est le surf, les surfeurs semblent ne pas s’en soucier avec leurs combinaisons. Sans doute ces poubelles viennent du large autant que de la côte, la faute aux hommes qui consomment ces sacs, notre faute, et la réalité nous rattrape, nous nageons dans une mer de sacs en pastique.
Nous quittons Sanya en train rapide pour Haikou, la capitale de l’île, au nord. Nous y passons 2 nuits afin de découvrir la ville qui offre quelques rues rénovées d’une vieille ville similaire à celle de Beihai, style la Havane. La ville est énorme, sans doute charmante pour qui sait s’y attarder, mais il fait froid et on a envie d’aller voir plus loin. On admire les kite surfeurs, on se ballade à la recherche des spécialités culinaires, et on quitte Haikou en train plan-plan (ils appellent ça les trains à sièges durs, les vieux modèles, ni rapides ni très confortables). Le voyage jusqu’à Guandzhou dure 6 heures, dont 4 heures pour faire la traversée sur le continent, car il faut faire entrer le train dans le ferry! Wagon par wagon! Et remonter le train en entier une fois les wagons débarqués du ferry! On est dans le pays qui a coulé plus de béton de 2011 à 2013 que les US durant le 20ème siècle, mais il y a un ferry ferroviaire plutôt qu’un pont entre Haikou et le continent ( moins de 20 km)! Ils sont fous ces Chinois!
P.S. J’écris ces lignes le lendemain des élections générales en UK. Je me rends compte que, malgré un désir sincère et empathique de comprendre les peurs et aspirations des électeurs britanniques, je n’y comprends rien. Les sondages pré- électoraux montraient clairement que, aux questions « qui est le plus proche de vous ? », et « en qui avez-vous le plus confiance ? » les Britanniques choisissent J.Corbyn. Mais à la question « qui est le meilleur premier ministre » ils choisissent B.Johnson… « They want the patronage of the powerful, not to challenge their power » (L.Pagarani).
Dans la même veine, je ne comprends toujours pas comment mes compatriotes suisses, et valaisans, ont pu voter contre le 1:12, le salaire de base, contre plus de vacances payées… « Ils veulent la soumission à l’élite, ils ne veulent pas remettre en question le pouvoir de l’élite ». Et pourtant cette élite, et ceux qu’elle représente, est si décadente et inhumaine, des deux côtes de la Manche…Comment pouvons-nous systématiquement voter contre nos propres intérêts ? Par peur de perdre ce qu’on est déjà en train de perdre? Par idéologie mythologique d’être un jour, nous-mêmes, l’élite? Et pourtant aujourd’hui on sait tous que le système est structurellement organisé pour permettre à une élite de 1% de vivre aux dépends de la masse de 99% ? Leçon d’humilité pour moi. Toutes les théories, livres, arguments, raisonnements, statistiques ne peuvent expliquer l’autre quand on est déconnecté de l’autre, de l’expérience humaine, soit-elle suisse, britannique ou chinoise, déconnectée de soi-même.
Haikou