Beijing

LA MAGIE DU VOYAGE: est-ce encore possible aujourd’hui? comment le quidam peut-il l’expérimenter avec 2-3 semaines consécutives de libre par année, contraint par le devoir d’efficacité de tout voir et de tout rapporter en un temps si restreint? Sans pouvoir voyager a échelle spatio-temporelle humaine, la magie du voyage semble bien inaccessible a notre société qui court toujours plus vite en sachant toujours moins après quoi. Un privilège déjà d’en prendre conscience, un luxe de se donner le temps nécessaire a son opportunité.

BEIJING:
10 jours a Beijing c’est magnifique ; plus, c’est du luxe. La ville ou tout brille, scintille, ou rien ne s’arrête jamais. Les Chinois nous ont souri, photographiés, touchés (contrastes saisissant avec mon ressenti des Russes qu’on a croisés), parlé, aidés, choyés, protégés. Tout bouillonne de vie et d’activités sans stress apparent, au contraire des villes occidentales névrosées. Les véhicules sont quasi tous électriques, donc très peu de pollution sonore et chimique, une suractivité ponctuée de séances « Zen » de tai-chi dans les parcs, de danse, d’étirement (grand écart frontal a 80 ans et plus…). Si Beijing était, a l’image de son offre culinaire irrésistible, une soupe aigre-doux, salée sucrée, doucereuse-pimentée, complète, parfumée, délicate, équilibrée, dans un grand bol généreux, Paris serait un concentré de piment dans une sous-tasse, Londres, un sachet de bouillon lyophilisé, et la Russie une soupe a l’oignon froide, sans fromage ni croutons. Ou est cette vie bouillonnante dans notre monde occidental en manque de souffle et de renouveau?

TOP: les véhicules électriques qui évitent pollution et permettent d’entendre (presque) les oiseaux chanter sur les grandes artèresla gentillesse, la disponibilité, – – le calme, les sourires des habitants d’une ville de plus de 20 millions d’habitants
– flâner dans les hutongs, vieux quartiers en labyrinthes, qui sillonnent la ville entre les tours modernes
– la nourriture, sa diversité, ses surprises, son parfum, ses saveurs
– les trains grande vitesse qui rendent les avions risibles
– les cyprès de plus de 500 d’âge
– les dragons en tous genres, la géomancie impériale (top pour réviser le livret du 9), le symbolisme des bâtiments, des rues, le souci du détails depuis les toits (les gardiens des toits) jusqu’aux mosaïques des sentiers de jardins
– le coucher de soleil sur les gratte-ciel en verre, les artères vers l’infini
– le fait que tout est toilettes publiques ; riches ou pauvres, tous a la même enseigne…les beaux restes du communisme

MOINS TOP: pas de pharmacies avec médicaments traditionnels, potions et lotions, huiles essentielles, etc., rien a part hôpitaux et centres de massage
– le bruit des raclements de gorge et la vue des crachats en tous genres, même si, comme dirait Isa, vaut mieux sortir ce qui doit sortir…
– les parcs pas vraiment avenants pour se rouler dans l’herbe ou marcher sous les arbres

 

Dernier questionnement en quittant Beijing pour Pingyao:

Comment la petite soeur chinoise a pu laisser a ce point sur le carreau le grand frère russe? assumant qu’ils ont tous les deux subit le même type de castration radicale…est-ce le terreau spirituel? l’église orthodoxe (judéo-chrétienne, donc forcement castrante et culpabilisante) versus le boudhisme/taoisme/confucianisme? Comment la vie a a tel point déserté les tartares du nord, mais pas ceux du sud? Pourquoi le dirigisme stalinien semble terroriser a ce point encore aujourd’hui, être présent, alors que celui sino semble, si pas moins cruel, plus éclairé?